Interview with Bjorn Lomborg – Wednesday, March 10, 2021
Un coup d’épée dans l’eau du réchauffement climatique
« Si vous dépendez de sources d’énergie intermittentes comme le solaire et le vent, ne soyez pas surpris si vous rencontrez un problème quand le soleil ne brille pas ou, [comme au Texas cet hiver], les éoliennes sont gelées », tweetait l’économiste Bjorn Lomborg en février dernier. Statisticien de formation, ce Danois iconoclaste mais très bien informé s’était fait connaître dans les années 2000 avec son best-seller L’Ecologiste sceptique, dans lequel il prenait à revers un certain nombre de clichés entretenus par les Verts. Il récidive en publiant un nouvel ouvrage au titre provocateur : « Fausse alerte. Comment la panique du changement climatique nous coûte des trillions de dollars, affecte les pauvres et empêche de régler les problèmes de la planète » (1).
Alors que le Danemark est l’un des pays où l’éolien s’est le plus développé – et abrite le premier industriel du secteur – il est piquant de voir l’un de ses plus brillants intellectuels dénoncer froidement la grande illusion des énergies intermittentes. Lomborg explique que les 140 à 160 milliards de dollars de subventions dépensées chaque année par les gouvernements du monde entier en faveur des énergies solaires et éoliennes sont un coup d’épée dans l’eau. Ces sources d’énergie renouvelable ne fournissent en effet qu’environ 1,1 % des besoins énergétiques mondiaux à l’heure actuelle et, selon les calculs de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), en fourniront toujours moins de 5 % d’ici 2040. Lomborg souligne que le poids de ces subventions inefficaces repose de façon disproportionnée sur les épaules des plus démunis, qui consacrent aux dépenses d’énergie une plus grande part de leurs revenus que les plus aisés.
Lomborg est favorable à la taxe carbone et aux investissements dans les technologies d’avenir susceptibles de réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre. Mais il fait aussi partie de ces analystes pour qui les combustibles fossiles continueront pendant des décennies à assurer les besoins d’énergie, en raison de leur prix et de leur efficacité.
Concernant le nucléaire, Lomborg a récemment déclaré que si cette option a du plomb dans l’aile c’est surtout en raison de la progression aberrante des coûts de programmes liés à des technologies déjà anciennes. Comme Bill Gates, il préconise de mettre l’accent sur la mise au point de réacteurs de quatrième génération, « beaucoup plus sûrs et beaucoup, beaucoup moins chers » (2).
Par Olivier Postel-Vinay
(1) False Alarm, Books, 2020.
(2) 10 mars 2021.
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