Le développement de l’éolien est l’une des orientations majeures de la politique énergétique de la France dans le cadre de la transition écologique. En témoigne l’adoption par décret le 21 avril 2020 de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) de la France pour 2028 qui prévoit notamment une multiplication par 2,27 de la puissance installée de l’éolien terrestre par rapport à 2018. Et, pour de multiples raisons, il est aujourd’hui extrêmement difficile de discuter l’opportunité de ce choix énergétique.
Pourtant, contrairement à l’idée trop souvent partagée qui voudrait que l’énergie éolienne soit une énergie totalement décarbonée, renouvelable et performante économiquement, cette énergie n’est pas efficace en matière de lutte contre les émissions de CO2, son coût réel est très élevé pour le consommateur, bien au-delà du coût de référence de l’électricité en France, et son impact négatif sur l’environnement est loin d’être négligeable.
Investir dans l’éolien en France ne permet pas de réduire efficacement nos émissions de CO2
Une éolienne se caractérise par son intermittence, à l’image du vent, irrégulier, qui l’alimente. A l’inverse, les besoins en électricité sont modélisés, avec des pics et des creux prévisibles selon les heures, les jours ou les saisons. Pour pallier le manque de vent, ou son excès (>90 km/h) qui bloque aussi la production, et en l’absence de possibilité de stockage à grande échelle, la production éolienne doit donc être couplée à des centrales à gaz ayant la flexibilité nécessaire pour moduler rapidement leur production en fonction de l’arrivée aléatoire sur le réseau de l’électricité éolienne. Dès lors, le bilan en termes d’émissions de CO2 ne peut être positif dans un pays comme la France dont l’énergie est déjà à 92%1 décarbonée.
En outre, lorsque l’on évalue la trace carbone de l’éolien, il faut tenir compte de l’intégralité du cycle de vie d’une éolienne : de sa construction, le plus souvent avec du matériel produit à l’étranger, à son installation en passant par son transport sur site en camion. S’ajoute également le fait que les équipements ont une durée de vie limitée à une vingtaine d’années : se pose alors la question du démantèlement et du recyclage des matériaux, dont un prochain arrêté ministériel devrait renforcer l’obligation sans pour autant la porter à 100%.
Soutenir l’éolien est économiquement injustifié, voire contre-productif
L’éolien bénéficie d’un soutien financier largement supérieur aux autres énergies, notamment du fait de l’existence d’obligations d’achat de l’énergie éolienne, à un tarif garanti fixé sur 15 à 20 ans et supérieur au prix de marché, financé par des taxes sur l’essence et l’électricité, sans transparence aucune. Le consommateur a-t-il conscience que 20% de sa facture d’électricité sont reversés au budget général de l’Etat au titre de la contribution au service public de l’électricité (CSPE) ? De même sait-il que 8% du prix du carburant payé à la pompe servent au financement du développement des énergies renouvelables, dont l’éolien ? Et que dira-t-il lorsqu’il découvrira que pour couvrir les engagements pris et à prendre dans le cadre de l’exécution de la PPE, les tarifs actuels d’EDF devront augmenter d’au moins 20%. Tout cet argent prélevé sur les consommateurs pourrait être utilisé de manière beaucoup plus efficace en matière de lutte contre les émissions de CO2 [article “Quelles propositions?“]
Développer l’éolien abîme et dévalorise les paysages, et constitue une menace pour la biodiversité
A l’inefficacité énergétique et au coût économique s’ajoute le coût environnemental. L’implantation d’éoliennes, de plus en plus hautes et visibles à des dizaines de kilomètres, a des conséquences négatives immédiates sur l’identité paysagère des territoires : les projets se développent de manière anarchique, sans tenir compte des spécificités locales, voire dans des zones à haute valeur paysagère ou patrimoniale. Les conséquences sur l’attractivité et le tourisme sont inévitables. Comment imaginer que l’implantation d’éoliennes de 240m de haut ne vienne pas nuire à l’attractivité touristique d’une région ?
Par ailleurs, la nécessaire artificialisation des sols induite par la construction de parcs éoliens (au moins 1 500 tonnes de béton par mât) se traduit directement par la destruction d’habitats naturels de nombreuses espèces végétales et animales ayant un rôle clé dans l’équilibre de la biodiversité, en particulier les chiroptères. Quant à l’avifaune, les oiseaux n’ont qu’à modifier leur itinéraire … parce que, qui dit couloir de vent, dit couloir de migration.
Source : https://www.rte-france.com/sites/default/files/bilan-electrique-2019_1.pdf
© 2020 Cérémé. Tous droits réservés.
1
2