Le Cérémé s’est constitué autour du constat que les effets réels du développement de l’éolien sur le bilan carbone de la France faisaient l’objet d’affirmations manifestement erronées mais pas nécessairement désintéressées.
Le Cercle s’est donc donné pour objectif, en faisant la synthèse de tous les travaux menés sur ce sujet par différents experts, de donner la vision la plus exacte possible de cet impact et de réintroduire la raison dans un débat devenu totalement idéologique.
Une première analyse qui sera approfondie et détaillée dans les mois qui viennent aboutit aux conclusions suivantes.
1. La puissance totale installée pour produire de l’électricité en France doit être dimensionnée de manière à permettre de faire face aux pointes de consommation.
2. Les pointes de consommation ont lieu le soir, en hiver, notamment lors des grands froids causés en Europe par les anticyclones, donc sans vent ni soleil. La production d’électricité éolienne et solaire, intermittente et imprévisible, ne peut donc être prise en compte pour faire face aux pointes de la demande d’électricité.
3. En conséquence, pour sécuriser l’approvisionnement des Français les jours de pointe, il faut prévoir un mix électrique fait de nucléaire + hydraulique + fossile (gaz et encore un peu de charbon et de fuel).
4. Quand il y a de bonnes conditions de vent, l’augmentation temporaire de production éolienne entraîne automatiquement la réduction temporaire d’autres productions, soit :
– en premier lieu, l’hydraulique et le nucléaire, dont la production est la plus facilement et la plus rapidement modulable mais celles-ci étant toutes deux décarbonées, cette augmentation de l’éolien ne génère donc aucune économie de CO2,
– en second lieu, les centrales à gaz ce qui permet une économie de CO2.
Dans les deux cas, ce transfert de source d’énergie se traduit par un surcoût exorbitant, à savoir la différence entre le prix contractuel de rachat de l’énergie éolienne, soit 91 € /MWh en 2019 selon RTE, et le coût marginal de production des énergies pilotables, soit environ 20€ /MWh en moyenne.
5. La politique constante des pouvoirs publics depuis 2012, que renforce la PPE adoptée le 21 avril dernier, vise à réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique et d’y substituer de l’énergie éolienne. Il résulte de ce qui précède que, pour faire face aux pointes, compte-tenu de son intermittence, il n’y aura pas d’autre choix que de combler les creux de production par une hausse de la production d’électricité d’origine fossile, principalement du gaz. Contrairement à ce qui est trop souvent affirmé, et pas seulement par les promoteurs et producteurs d’énergie éolienne, le développement de celle-ci ne peut pas améliorer le bilan carbone de la France dans la durée, dans le cadre fixé par la PPE du 21 avril 2020, notamment si la consommation d’électricité continue d’augmenter.
6. Le moyen le plus efficace et le plus rapide de réduire l’impact carbone de la France est donc, comme l’ont souligné les travaux de la Convention Citoyenne pour le climat, de réduire la consommation d’électricité, notamment par un vaste plan d’augmentation de l’efficacité énergétique des bâtiments (cf. notre article « Rénovons les passoires thermiques ») et de développement des mobilités douces.
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